Digital Garden de Gilles Balmet - ESAD (Amiens, France, ete 2005)

Extrait du communique de presse de l'exposition "Digital Garden" (Ecole superieure d’art et de design d’Amiens, du 12 juillet au 25 septembre 2005) :

Gilles BALMET presente sa premiere exposition personnelle dans la toute nouvelle GALERIE de l’Esad, l’Ecole superieure d’art et de design d’Amiens. Jeune artiste forme a l’ecole des beaux-arts de Grenoble, il propose une lecture de moments du quotidien dont il transforme l’apparente banalite en une experience captivante. Chaque oeuvre, peinture, sculpture ou video, transforme le produit d’une perception fugace en une experience spatiale ou temporelle y donnant sens. Invitation a parcourir l’invisible, l’oeuvre de Gilles BALMET presente une maturite artistique tres prometteuse.
Gilles BALMET est ne en 1979 a La Tronche. Il est diplome de l’Ecole superieure d’Art de Grenoble (2003). Il vit et travaille a Paris, ou il est actuellement en residence a la Cite Internationale des Arts.

L’Esad, ecole d’art et de design d’Amiens, a choisi de presenter le travail de Gilles BALMET pour inaugurer sa galerie. Ce choix s’est impose naturellement car son oeuvre, alors qu’il a a peine 26 ans, exprime une maturite de pensee qui transcende parfaitement l’ensemble des mediums qu’il utilise. Privilegiant sans cesse le sens, il nous etonne par sa capacite a deployer de multiples moyens d’expression. Or nous connaissons bien, dans les ecoles d’art, la difficulte de nos etudiants a integrer le support dans l’acte de penser l’oeuvre afin d’en realiser une forme accomplie. Gilles BALMET le reussit.
Prenons son travail sur les tests de Rorschah, ces tests destines a provoquer une interpretation psychologique a partir de la lecture d’une tache noire aux formes aleatoires. Alors que nous supposions en avoir tout vu, au moment meme ou nous voudrions nous en dessaisir, Gilles BALMET en propose une multiplication serielle qui tente d’annuler l’enigme du « un ». Y aurait-il la une proposition de banalisation ? La toile repliee sur elle-meme cree des sequences visuelles ordonnees. La trame rassure. Mais le reseau constitue par l’ensemble des figures nous plonge dans une perplexite inquiete. Car l’enigme du « un », que l’on pourrait supposer dissoute par la proposition de sa pseudo reproductibilite, nous confronte soudainement a l’angoisse du multiple. Le regard se fait prisonnier de l’entrelacement des formes, cherchant a percevoir dans l’espace du plan un labyrinthe qui n’existe que dans l’ordre du temps. La figure virtuelle nous revele que si l’enigme primordiale etait resolue, l’issue n’en serait pas moins d’avoir a resoudre celle qui lui est adjacente. Et cela, indefiniment.
Gilles BALMET propose une echappee hors de la toile, en donnant corps aux figures. Les taches se font chrysalides, les interpretations deviennent papillons. Les insectes volant naissent ainsi emancipes de leur destin d’encre noir. Mais leur liberte nouvelle dessine dans l’espace notre destin funeste, car des tests initiaux soumis a notre imagination sont nes les figures qui nous soumettent a leur tour a la force de leur presence physique. Explorant une troisieme approche, par la video, Gilles BALMET concentre notre regard sur un arbre dont la decoupe apparait noire telle une ombre chinoise. Branches et feuilles forment une nouvelle image de reseau. L’etrange vient des formes mouvantes, imperceptibles silhouettes d’oiseaux, possibles interpretations des taches noires.
L’instant est toujours, dans les videos de Gilles BALMET, un moment de vie revele, amplifie a l’extreme. Sa force est de faire emerger d’une situation banale un projet dont, au premier abord, l’harmonie prealable joue le leurre esthetique. La figure reste stable. Il s’y inscrit pourtant invariablement un ecart par lequel notre imaginaire va inscrire une forme poetique, un sentiment d’ « inquietante etrangete », une revelation des structures infimes sur fond de persistance temporelle. D’un travail exploratoire, il fait oeuvre inquisitrice, alors meme que le dispositif reste minimal. L’espace de l’atelier, un reflet, des gouttes d’eau ou une scene epiee de chantiers sont autant de non-evenements pretextes pour devoiler pour chacun une dimension vivante, endogene, insaisissable.

Commissariat : Marie-Claire Sellier


- Integralite du communique de presse : http://gillesbalmet.free.fr/news/Gilles%20Balmet%20Digital%20Garden%20dossier%20de%20presse.pdf

- Site de l'artiste : http://gillesbalmet.free.fr/